Les pleines nuits des «obsédés textuels»
Lausanne - 14.12.2016 - Rédigé par Laurent Grabet
ÉCRITURE(S) • Les «Dissidents de la pleine lune» célébreront ce
lundi 19 décembre leurs six ans d’existence. Belle occasion de
présenter ce café littéraire insolite et dissident.
Sabine et Hélène Dormond,
les cheffes de file du mouvement. GRABET
Ces « obsédés textuels » se réunissent chaque soir de pleine lune
dans un troquet lausannois pour un café littéraire pas comme les
autres, et autour d’un bon repas. Et le 19 décembre, cela fera
exactement six années que cela dure sans exception aucune! Là, ces
écrivains confirmés ayant déjà été publié, amateurs ou même
débutants, se lisent à tour de rôle à haute-voix la nouvelle de 3000
signes qu’ils ont longuement ciselée ou au contraire improvisé dans
l’urgence autour du thème de préférence farfelu fixé le mois
précédent à l’issu d’un savoureux brainstorming.
Des lectures touchantes
Le nom de cette quarantaine d’hommes et femmes amoureux des mots et
des bons mots? Les «dissidents de la pleine lune».« Car nous sommes
issus d’une scission avec un café littéraire plus ancien mais où
chaque lecture se terminait dans un silence de mort», précise Sabine
Dormond, l’une des trois fondatrices dissidentes et traductrice de
métier.
Ici rien de tout cela. Bien au contraire! En ce mardi soir, au
Cygne, chacune des treize lectures se termine par des
applaudissements et des critiques constructives. Les nouveaux venus
essuient toujours les plâtres. «C’est un peu leur bizutage et
ensuite ils sont détendus pour le reste de la soirée», explique
encore Sabine Dormond. Ce soir, le thème est: «Les yeux rouges». Et
l’imaginaire de chacun l’empoigne à sa manière. Une telle l’insère
dans une partie fine très arrosée. Un autre dans une soirée
d’élection présidentielle américaine. Une troisième dans le monde de
l’art. Le style est tantôt lyrique, tantôt poétique, tantôt
familier, tantôt maladroit, mais touchant toujours car on y devine
inévitablement un peu qui est son auteur.
Un stimulant
«Cet exercice de style nourrit ma créativité et stimule mon
imaginaire, explique Christine Grobéty, correctrice à la retraire.
Il m’oblige à sortir de ma zone de confort.» Denise Campiche, une
vieille habituée, cuisinière de profession et également auteure d’un
ouvrage érotique aux éditions Mon Village, ne manquerait pour rien
au monde ces soirées, la poussant en avant tout en l’aidant à
progresser au travers des commentaires des autres. Quant à Philippe
Stringaro, le petit nouveau à l’accent chantant du sud-ouest, il a
tout bonnement «découvert l’écriture via les Dissidents, un soir où
le thème de la Politesse abusive était au programme».
«Tout ceux qui voudraient l’imiter sont les bienvenues», assènent
Sabine et Hélène Dormond, les cheffes de file du mouvement. Leur
prochaine soirée se déroulera le 19 décembre à la brasserie du cygne
(Maupas 2) à 18h30. Le thème au menu de cette 72e soirée dissidente:
«Bouille». Contrainte amusante: le texte est cette fois à écrire
sans adjectif. A vos plumes!
Inscriptions et infos: sabine recits.ch
14 décembre 2016
|